Variant indien: la 3e vague de Covid a démarré au Royaume-Uni, alertent des chercheurs
SCIENCE - “Ce qu’il faut comprendre, c’est que ce nous voyons aujourd’hui, ce sont les signes d’une vague précoce” au Royaume-Uni. C’est ce qu’a déclaré à la BBC ce lundi 31 mai Ravi Gupta, spécialiste des maladies infectieuses et membre du...
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SCIENCE - “Ce qu’il faut comprendre, c’est que ce nous voyons aujourd’hui, ce sont les signes d’une vague précoce” au Royaume-Uni. C’est ce qu’a déclaré à la BBC ce lundi 31 mai Ravi Gupta, spécialiste des maladies infectieuses et membre du Sage, l’équivalent du conseil scientifique outre-Manche. La “croissance exponentielle” des cas de Covid-19 s’explique par la dominance du variant indien, selon le chercheur.
Il n’est pas le seul à être pessimiste concernant la situation britannique, rapporte le Guardian. Pour Martin McKee, professeur de santé publique à la London School of Hygiene and Tropical Medicine, “cela ressemble beaucoup au début d’une troisième vague”. Même son de cloche pour Paul Hunter, professeur de médecine à l’université d’East Anglia.
Une hausse qui part de très bas
Il suffit en effet de regarder les courbes des indicateurs du Royaume-Uni pour se convaincre que quelque chose ne va pas. Ces derniers jours, le nombre de cas positifs, de décès et d’hospitalisations a augmenté de plus de 20%. La tendance reste encore extrêmement faible, avec une incidence inférieure à 30 dont la France n’ose même pas rêver. Mais l’important, c’est la tendance. Et celle-ci, malheureusement, est plutôt claire.
Certes, les courbes semblent à peine bouger. Mais depuis le 9 mai (sauf durant deux jours), le taux d’incidence grimpe doucement, mais sûrement. Actuellement, il augmente de 20% sur une semaine. Le nombre d’infectés double donc environ toutes les 4 semaines pour le moment.
Le problème, c’est que le Royaume-Uni est en plein déconfinement. Le 21 juin, la dernière étape devait être franchie, avec la réouverture des discothèques et la levée de la majorité des restrictions. En clair, tout ce dont a besoin une épidémie de coronavirus pour croître encore plus vite. “Une réouverture complète en juin n’est pas compatible avec un contrôle du virus”, estime le professeur d’épidémiologie d’Harvard William Hanage, dans le Guardian.
Un variant indien majoritaire
Si les épidémiologistes britanniques avaient prévu une faible hausse, ou au moins un plateau des contaminations avec la réouverture, ils ne s’attendaient pas à un tel changement, qui semble en grande partie dû au variant indien, B.1.617.2.
Selon les dernières données de l’agence publique de santé, il est maintenant clair que B.1.617.2 est plus contagieux que la souche originale, mais aussi que le variant anglais B.1.1.7 (ou V1). Il reste encore de nombreuses inconnues (à quel point est-il plus contaminant? Plus dangereux? Sur toute la population? Quid des vaccins?), mais cela ne change rien à la situation actuelle.
Les graphiques réalisés par le journaliste John Burn-Murdoch montrent bien comment ce variant s’est imposé face à l’ancien, qui avait lui-même remplacé rapidement la souche originale du coronavirus en décembre dernier, lors de la précédente vague britannique.
NEW: B.1617.2 is fuelling a third wave in the UK, with not only cases but also hospital admissions rising.
— John Burn-Murdoch (@jburnmurdoch) May 27, 2021
Vaccines will make this wave different to those that have come before, but it remains a concern, and one that other countries will soon face.
Thread on everything we know: pic.twitter.com/4825qOqgrl
Au 25 mai, le variant B.1.617.2 représentait plus de 58% des cas positifs séquencés par les services de santé britanniques. Il était quasiment indétecté fin mars. Un scénario qui fait très fortement penser à ce que la France a connu entre janvier et mars, quand le variant anglais B.1.1.7 s’est petit à petit imposé alors que le nombre total de cas semblait régresser.
Des vaccins efficaces, mais après deux doses
La bonne nouvelle, c’est que cette vague ne devrait pas ressembler aux précédentes. Les morts et hospitalisations devraient être relativement moins élevées par rapport au taux d’incidence grâce à la vaccination, plus avancée au Royaume-Uni qu’en France. 58% de la population a reçu une dose de vaccin (dont 74% des adultes), contre 38% en France. On pourrait même se dire que si la campagne de vaccination va suffisamment vite, une vague pourrait être évitée.
Mais pour cela, il faudrait qu’une proportion très importante des Britanniques soit vaccinée, de l’ordre de 70%, voire 80% et plus. Surtout, l’efficacité des vaccins contre ce variant B.1.617.2 n’est pas encore claire. Il faudra du temps pour que les chercheurs obtiennent une réponse relativement sure. Mais les autorités de santé anglaises estiment (avec une confiance “modérée”) que si les vaccins sont toujours très efficaces après deux doses, ils le sont moins après une seule dose.
En clair, quand une personne primovaccinée avait 50% de risque en moins d’attraper le Covid-19, ce serait plutôt 30% face au variant indien. Or, le Royaume-Uni a choisi d’attendre 12 semaines entre deux doses, y compris avec le vaccin Pfizer.
De quoi faire craindre qu’une partie des primovaccinés puissent être tout de même contaminés par B.1.617.2. Évidemment, tout cela n’est pas sûr. Mais les preuves s’accumulent plutôt du mauvais côté de la balance ces derniers jours, ce qui pousse la plupart des experts britanniques à estimer qu’il est nécessaire de repousser la dernière étape du déconfinement.
Dans une note publiée le 11 mai, des experts modélisateurs conseillant le gouvernement britannique estimaient qu’au vu des données disponibles aux “preuves incertaines, le risque d’une réaction excessive semble faible par rapport à l’avantage potentiel de retarder une troisième vague jusqu’à ce que davantage de personnes soient vaccinées”. Le gouvernement doit rendre sa décision finale sur la dernière étape du déconfinement le 14 juin.
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