“Vent chaud” de Daniel Nolasco : un film brûlant et émouvant à la fois

Les aberrations de traduction de titres d’un même film entrent parfois en résonance de façon surprenante avec son sens profond. Ainsi, dans les salles françaises, Vento seco (vent sec) a été rebaptisé Vent chaud. S’il est vrai que le vent qui...

“Vent chaud” de Daniel Nolasco : un film brûlant et émouvant à la fois

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Les aberrations de traduction de titres d’un même film entrent parfois en résonance de façon surprenante avec son sens profond. Ainsi, dans les salles françaises, Vento seco (vent sec) a été rebaptisé Vent chaud. S’il est vrai que le vent qui souffle dans le film assèche les lèvres de son personnage principal et le met dans un état d’ébullition quasi constant, on peut aussi voir ce rapport entre chaleur et sécheresse comme les deux énergies d’un film qui cultive d’un côté une imagerie quasi pornographique et qui en même temps tempère cette surcharge érotique en se faisant le récit d’une déchirante solitude intérieure, celle de Sandro, quadra velu, barbu et légèrement enrobé.

Sandro est employé dans une usine minière. À la sortie du travail, il fait ses courses, puis va nager à la piscine municipale et finit dans les bras de son collègue Ricardo, qu’il retrouve à même le tapis de feuilles mortes d’une forêt environnante où ils ont leurs habitudes. Cet équilibre se gâte lorsqu’apparaît, sur sa moto et tout de cuir vêtu, le beau Maicon, caricature de virilité tout droit sortie d’un dessin de Tom of Finland et qui va petit à petit faire sombrer Sandro dans une profonde obsession.

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Puissance visuelle

Présenté au Panorama de la Berlinale en 2020, ce 1er long métrage de fiction du réalisateur brésilien de 38 ans Daniel Nolasco rappelle forcément O Fantasma de João Pedro Rodrigues​​​​ dans sa façon de naviguer entre des fantasmes sexuels jaillissant d’archétypes du milieu gay SM et la condition ouvrière de ses personnages. La puissance visuelle des séquences oniriques et le pouvoir d’évocation des fantasmes fait aussi penser à un film de Lynch (ou plus près de nous, celui de Yann Gonzalez) qu’on aurait croisé avec un porno gay arty. Dans Vent chaud, le sexe est cru, fétichiste et non simulé. Aisselles léchées, crachat déposé et sexes avalés, le film est un catalogue de la façon dont on peut s’amuser avec nos fluides. Chaud, brut et suintant par moments, le film est aussi lent, émouvant et asséché. Plus que l’hédonisme d’une sexualité débridée, il explique de façon bouleversante la frustration du désir et la solitude amoureuse.

Vent chaud de Daniel Nolasco, avec Leandro Faria Lelo, Allan Jacinto Santana, Renata Carvalho (Brésil, 2020, 1 h 50). En salle le 11 août.

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