Vers la fin du corps des préfets? Cette possibilité met ces politiques en émoi

POLITIQUE - L’offensive d’Emmanuel Macron sur la haute fonction publique continue de faire jaser. Après avoir annoncé la suppression de l’ENA (École nationale d’administration) en avril dernier, le président de la République souhaiterait désormais...

Vers la fin du corps des préfets? Cette possibilité met ces politiques en émoi

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

La possible fin du corps des préfets met ces responsables politiques en émoi (photo d'illustration du préfet Lallement prise le 21 mars 2019)

POLITIQUE - L’offensive d’Emmanuel Macron sur la haute fonction publique continue de faire jaser. Après avoir annoncé la suppression de l’ENA (École nationale d’administration) en avril dernier, le président de la République souhaiterait désormais mettre fin au corps préfectoral.

C’est en tout cas l’annonce faite par Jean Castex jeudi 6 mai lors d’une visioconférence avec plusieurs centaines de préfets et de sous-préfets, selon les récits du Monde et du média spécialisé Acteurs publics. Le quotidien du soir, qui a recueilli les témoignages de plusieurs participants à cette réunion explique que “la fonction perdurera”, “mais le corps, c’est-à-dire le statut particulier qui régit la carrière des préfets tout au long de leur vie, va s’éteindre.”

En clair, le mode de nomination des préfets pourrait évoluer, et leur profil se diversifier davantage. En revanche, ces hauts fonctionnaires continueraient de relever du ministère de l’Intérieur, tout en étant sous la coupe de la future délégation interministérielle à l’encadrement supérieur de l’État. Autant de modifications qui crispent les principaux intéressés... comme certains responsables politiques, inquiets, de voir le président de la République s’attaquer, en solitaire, à “notre organisation républicaine.”

Le “désossement de l’État”?

“Ce qui est en jeu, c’est notre métier. Vous n’êtes pas préfet parce que vous êtes nommé préfet. C’est un métier qui s’apprend sur le terrain, dans le compagnonnage, avec modestie. Il faut donc absolument maintenir une filière”, martèle par exemple un “préfet du sud” dans le Monde, quand d’autres vont plus loin en estimant qu’une telle révolution conduirait forcément à une perte de légitimité sur le terrain et dans les relations avec toutes les parties prenantes.

“Supprimer le corps préfectoral et, selon le terme à la mode, ‘fonctionnaliser’ le poste de préfet signifie que le gouvernement y nommera demain une personne à partir des seules qualités qu’il reconnaîtra en celle-ci”, s’alarme par exemple Cyrille Schott, préfet de région honoraire, dans une tribune au Figaro, avant d’ajouter: “Or s’il n’y a plus de corps préfectoral, le préfet désigné par nos dirigeants pour ses ‘vertus’, dont la proximité avec eux, verra sa nature essentiellement réduite à celle de délégué du gouvernement et perdra largement la légitimité attachée à sa nature de représentant de l’État.”

Sur les réseaux sociaux, Manuel Valls embraye le pas sur le modèle du “si c’est vrai, c’est très grave.” “Je n’ose y croire. Si l’ annonce de la fin du corps des préfets est confirmée, après la suppression de l’ENA, il s’agirait d’un véritable abaissement de l’État et d’ une mise en cause de notre organisation républicaine”, estime l’ancien Premier ministre et locataire de la place Beauvau sous François Hollande. Comme lui, en d’autres termes, le député communiste Sébastien Jumel évoque un “désossement de l’État” par le président de la République, “pour le mettre à sa main.”

Pour François Asselineau, de l’UPR (Union populaire républicaine) il s’agit ni plus ni moins que de ”l’accélération de la destruction de l’État”, quand, pour Florian Philippot, le président des Patriotes et pourfendeur de la “coronafolie”, Emmanuel Macron fait coup-double: il détruit “encore un peu plus la France” et “facilite les nominations discrétionnaires aux emplois supérieurs de l’État.” “Le copinage et le népotisme”, fulmine l’ancien bras droit de Marine Le Pen. 

Réforme épineuse

En réalité, derrière ces questions concernant les nominations et la carrière des préfets, c’est toute la réforme de la haute fonction publique qui pose question et entraine, souvent, une vague de résistance des 1ers concernés.

Selon l’AFP, une réforme des grands corps, en phase d’être finalisée, prévoit notamment un passage initial au sein d’un corps d’administrateurs d’État indifférenciés, une expérience de terrain obligatoire et la suppression de carrières à vie dans des inspections ou fonctions juridictionnelles, selon des sources gouvernementales.

La réforme, qui vise à dynamiser les carrières et à les rendre plus opérationnelles en puisant dans un plus large vivier de candidats, tend à passer “d’une logique de statut à celle d’emploi”, toujours selon les mêmes sources, ce qui fait craindre une “mutualisation” des compétences des inspecteurs pourtant très spécifiques (inspections générales, magistrats, préfets, diplomates...).

Mardi 4 mai, une quarantaine d’inspectrices et inspecteurs des inspections générales de l’administration, des affaires sociales et des finances, sont même sortis anonymement de leur réserve pour exprimer leurs craintes quant à ce projet de réforme, dans un courrier adressé à Emmanuel Macron.

Dans cette lettre, dont l’AFP a obtenu une copie, adressée également au Premier ministre ainsi qu’à sept autres ministres dont dépendent leurs inspections, les auteurs se disent “animés par la volonté” de faire progresser les corps d’inspection” dans un sens qui serve au mieux l’intérêt de la République et du citoyen”. Ils s’inquiètent pour “l’indépendance” de leurs services, “gage de qualité et d’efficacité des inspections” et “impératif démocratique vis-à-vis des Français”, alors que l’exécutif a déjà confirmé la suppression de leurs trois corps prisés par les diplômés de l’ENA. 

À voir également sur Le HuffPost: la CGT exige la révocation du préfet Lallement après les violences le 1er mai