“Vicenta B.” de Carlos Lechuga, chronique sensible d’une vie (extra)ordinaire

À ce programme pertinent mais ordinaire, celui qui consiste à mêler l’intime au politique, l’individu au collectif, Vicenta B. ne cesse de se dérober. Plusieurs anomalies et particularismes bienvenus sortent le film de l’attendue chronique...

“Vicenta B.” de Carlos Lechuga, chronique sensible d’une vie (extra)ordinaire

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À ce programme pertinent mais ordinaire, celui qui consiste à mêler l’intime au politique, l’individu au collectif, Vicenta B. ne cesse de se dérober. Plusieurs anomalies et particularismes bienvenus sortent le film de l’attendue chronique sociale. D’abord parce que Vicenta B. en personnage de 1er rang, au centre d’une fiction, n’est pas si commune que ça, elle est même rare avec son prénom d’héroïne de Duras qui pourrait lui garantir bien des aventures romanesques. Ensuite parce que le récit d’apprentissage à l’œuvre dans le film n’est pas celui de l’adolescent, mais le sien à elle, réservé.

Perte de repères

Alors que son fils quitte la maison, Vicenta, qui chaque jour reçoit des clientes pour leur prédire l’avenir et même communier avec leurs morts, perd ses pouvoirs, ses dons, ses repères. Elle se retrouve dépossédée, orpheline, en proie au vide à l’image de la grande bâtisse aux murs rouges qui lui sert de maison et peut-être aussi de camisole mentale. Vicenta n’entend plus les morts mais elle n’entend pas non plus la jeunesse qui gronde dehors. Elle est incarnée ici allégoriquement par une jeune fille en détresse venue chercher auprès de Vicenta une aide qu’elle ne peut lui donner et qui par désespoir s’immolera.

Tous ces bouleversements, Carlos Lechuga décide de les regarder et de les filmer comme des présences quasi-invisibles à l’œil nu. Rien ne semble vraiment perturber le calme du film, sa pesanteur tellurique, à part de rares signes imperceptibles, que seules les mages et les sorcières comme Vicenta peuvent déceler : le bruissement du vent, le ciel qui s’assombrit, une chaise qui tombe…

Au film alors d’assumer l’anti-stupéfiant, de rejeter toute idée de folklore lié au don de voyance de Vicenta, pour rester attentif aux tressaillements intérieurs de son héroïne, au dépouillement qui l’entoure, à cette drôle de langueur qui émane d’un film qui paraîtrait presque anesthésié. Avec ses histoires d’enfants partis ou sacrifiés, de vieux malades et de morts absents, Vicenta B. élève au rang de mythologie sa petite existence pour toucher du doigt, dans cette forme de recueillement qu’appelle le film, la possibilité d’une renaissance.

Vicenta B. de Carlos Lechuga, en salle le 11 octobre.