Vincent Cassel a peur que la “masculinité” disparaisse – et nous met la honte
Vincent Cassel a un problème. Dans une entrevue accordée à Stuart Jeffries publiée ce vendredi 17 février dans le quotidien britannique The Guardian, il se laisse d’abord aller à causer du Brexit (stimulante lecture qui révolutionne toute la...
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Vincent Cassel a un problème. Dans une entrevue accordée à Stuart Jeffries publiée ce vendredi 17 février dans le quotidien britannique The Guardian, il se laisse d’abord aller à causer du Brexit (stimulante lecture qui révolutionne toute la pensée géopolitique contemporaine), avant d’étaler une somme d’idées arriérées sur les hommes, les femmes, etc. Et c’est pire que ce qu’il peut dire du Brexit. Un enfilage de perles pépouze, de clichés réacs et bonhommes, de préjugés ridicules à la grand-papa, qui nous foutent à la fois la honte et une bonne barre de rire.
Car causer genre avec Vincent Cassel, c’est faire un bond temporel à une époque antérieure à #MeToo. Dans les années 1950, 1970 ? 1980 ? Qu’on en juge (nous avons tenté de traduire en français la sophistication des propos de notre compatriote polyglotte qui s’exprime dans la langue de Shakespeare avec une grande aisance et un style très oxfordien) : “Je veux dire, j’espère que je ne suis pas misogyne. Je suis entouré de femmes. Du matin au soir, parce que j’ai trois filles, une femme, une ex-femme, une mère.” Oui, comme toute la société patriarcale depuis des millénaires, les hommes vivent souvent entourés de femmes… Avec le regard que pose le coq sur sa basse-cour ? Et alors ? Nous voici mal partis, avec cet argument de base du Français moyen macho qui s’ignore. On est plus proche des Brèves de comptoir de Jean-Marie Gourio que de Judith Butler. Vincent Cassel se voit depuis toujours en rappeur rebelle, et on tombe sur un Monsieur Jourdain tranquille de la beauferie.
Plus loin, Jeffries interroge Vincent Cassel sur ce qu’il pense d’Andrew Tate, l’influenceur américain masculiniste qui, comme vient de le montrer un documentaire récent (La Fabrique du mensonge, diffusé sur France 5), aurait usé de ses réseaux pour influencer le résultat du procès entre Johnny Depp et Amber Head, en déconsidérant l’actrice avec acharnement sur les réseaux sociaux, entraînant indirectement la perte de son procès contre Depp.
Tate est actuellement poursuivi pour viol et traite d’êtres humains en Roumanie. Cassel se montre d’abord prudent : “Il y a tellement de choses qu’il dit, surtout quand on voit son ‘background’, qui semble vraiment mauvais. » Avant de se lâcher : « Mais au milieu de cela, je pense qu’il dit des choses qui sont en fait intéressantes, parce qu’il veut défendre la masculinité. C’est presque honteux d’être masculin de nos jours. Il faut être plus féminin, plus vulnérable. Mais écoutez, si les hommes deviennent trop vulnérables et féminins, je pense qu’il va y avoir un problème.”
Ah oui ? Et quel problème, au juste ? Les hommes sont invulnérables, normalement ? La féminité, c’est la vulnérabilité ? Et la masculinité, c’est la force ? Tous les hommes sont forts et les femmes faibles ? Les hommes vont devenir des femmes ??? Etc., etc., (ad libitum)
De quoi Vincent Cassel a-t-il peur ? De quoi cause-t-il, au juste ? L’article et l’acteur ne le disent pas, mais on reste pantois devant tant de puérilité sereine – ou devant une pensée si complexe qu’il nous est impossible de la comprendre (un peu comme le macronisme).
Le lecteur est tenté de se dire que décidément, “la vieillesse est un naufrage”, comme le disait Charles de Gaulle citant Chateaubriand. Mais quand même, Cassel commence bien jeune à s’échouer (il n’a que 56 ans). Heureusement, notre ami acteur conclut l’entrevue par quelques mots – qui nous ont bien fait rire – sur Astérix et Obélix : L’Empire du milieu de Guillaume Canet, dans lequel il interprète le rôle de Jules César : “Je joue enfin dans un film que je peux montrer à mon enfant de trois ans. […] Je me suis dit qu’il était temps pour moi de faire une vraie comédie et, vous savez, de m’amuser en jupe [skinny skirt en VO].”
Nous voilà donc rassurés : jamais Jean Gabin – mètre-étalon, si j’ose dire, de la virilité de l’actorat français – n’aurait dit une chose pareille (même s’il avait joué Ponce Pilate dans sa jeunesse et parlait couramment l’anglais), et tant que Vincent Cassel prendra du plaisir à se montrer en jupette dans des films de gladiateurs et à les montrer à sa fille sans crainte que cette vision horrifique n’altère sa féminité vulnérable, on ne pourra pas totalement désespérer de lui. J’espère.
Mais la route sera longue, très longue…