Violences conjugales: Darmanin choque avec un message sur un dispositif d'accueil à Orléans
VIOLENCES CONJUGALES - “Pas de place pour la polémique sur un sujet aussi sérieux” mais les critiques ne manquent pas. Ce vendredi 23 juillet, Gérald Darmanin a publié sur Twitter un message annonçant une “nouveauté” au commissariat central...
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VIOLENCES CONJUGALES - “Pas de place pour la polémique sur un sujet aussi sérieux” mais les critiques ne manquent pas. Ce vendredi 23 juillet, Gérald Darmanin a publié sur Twitter un message annonçant une “nouveauté” au commissariat central d’Orléans dans le Loiret.
Le ministre explique qu’“une signalétique différente et deux files d’attente distantes” sont désormais mises en place dans la station de la rue Faubourg Saint-Jean, écrit-il emojis de couleur à l’appui. Et de poursuivre: “Une avec un rond orange pour les personnes victimes de viol, de violences conjugales ou intrafamiliales et une avec un rond bleu pour les victimes d’une autre infraction”.
Nouveauté au commissariat d’Orléans : une signalétique différente et deux files d’attente distantes : une avec un rond orange ???? pour les personnes victimes de viol, de violences conjugales ou intrafamiliales et une avec un rond bleu ???? pour les victimes d’une autre infraction.
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) July 23, 2021
Un dispositif déjà en place au Mans mais...
Le dispositif n’est pas une réelle nouveauté. Appelé le TAC pour “Tableau d’accueil-confidentialité”, il est expérimenté depuis la fin de l’année 2019 dans un commissariat du Mans dans la Sarthe. Vanté pour ses mérites et “sa prise en compte prioritaire et discrète” des victimes, il doit se généraliser progressivement à d’autres commissariats en France, comme depuis ce jeudi 22 juillet donc à Orléans.
Dans ce commissariat du Mans, les victimes se présentent devant un interphone devant la grille extérieure du bâtiment, signalent la couleur, puis sont reçues par un fonctionnaire dédié dans une “salle isolée”, afin d’être écouté et de déposer plainte si elles le souhaitent, comme vous pouvez le voir dans cette vidéo de la Police nationale diffusée en septembre 2020.
[#NeRienLaisserPasser] Au #Mans, le "tableau d'accueil-confidentialité” permet aux victimes d'expliquer discrètement la raison de leur présence. La couleur orange détermine une infraction nécessitant une confidentialité renforcée et une prise en charge prioritaire. pic.twitter.com/pJSIMW1ogc
— Police nationale (@PoliceNationale) September 3, 2020
Sauf que dans le cas du commissariat d’Orléans, un problème majeur en termes de discrétion et de confidentialité a été signalé par plusieurs associations ou politiques au ministre.
Comme semblent l’attester deux photos distinctes publiées jeudi dans des articles de France Bleu Orléans mais aussi pendant près de 24 heures dans La République du Centre, les victimes semblent devoir attendre devant un guichet et le cordon d’une file d’attente, dédiés à chaque couleur, à l’intérieur du commissariat. Une photo d’ailleurs diffusée par Gérald Darmanin lui-même, avec l’article du quotidien régional pour remercier “les policiers qui font de l’accueil des victimes une priorité”.
Merci aux policiers qui font de l’accueil des victimes une priorité ????https://t.co/4dEwf1F9Ly
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) July 23, 2021
Une photo qui a donc choqué de nombreuses personnes sur le réseau social. “Oui, et pourquoi pas une pancarte ou un post-il sur le front? La confidentialité, ça vous dit quelque chose?”, a notamment réagi la députée LFI du Val-de-Marne, Mathilde Panot. “Donc les victimes de viol vont devoir se présenter bien en évidence devant tout le monde? Mais quelle idée horrible”, s’inquiète un autre utilisateur du réseau social.
Oui, et pourquoi pas une pancarte ou un post-it sur le front ?
— Mathilde Panot (@MathildePanot) July 23, 2021
La confidentialité, ça vous dit quelque chose ?
Quelle indécence.https://t.co/GR7QI2UsT3
“Est-ce que les policiers auteurs de violences conjugales porteront un uniforme rouge aussi pour que les victimes puissent les repérer et les fuir?”, a de son côté interrogé l’association féministe “Osez le féminisme”, faisant ici une référence aux révélations du Canard Enchaîné sur la condamnation pour violences intra-familiales de l’un des policiers ayant accueilli le 15 mars à Mérignac en Gironde, Chahinez Daoud, morte tuée par son mari trois semaines plus tard.
Est ce que les policiers auteurs de violences conjugales porteront un uniforme rouge aussi pour que les victimes puissent les repérer et les fuir ? @GDarmanin#Chahinezhttps://t.co/AYchsCx570
— Osez le féminisme ! (@osezlefeminisme) July 23, 2021
Une photo pas conforme à la réalité?
Face aux critiques, le ministre a posté deux heures plus tard, un troisième message, assurant que le dispositif sera le même au Mans et à Orléans.
Pas de place pour la polémique sur un sujet aussi sérieux. Ce sera le même dispositif que celui mis en place au Mans, qui respecte la confidentialité des victimes et qui donne entière satisfaction : https://t.co/9fD7cYMcUAhttps://t.co/DtRNKbmg1N
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) July 23, 2021
Contacté par Le HuffPost, le ministère de l’Intérieur a confirmé que “la photo à Orléans ne correspond pas au dispositif imaginé qui est celui expérimenté au Mans”, précisant à son tour qu’il “sera comme celui du Mans”, sans nous donner plus de précisions cependant si des modifications étaient nécessaires et engagées au sein du commissariat ou si le dispositif était suspendu le temps de le réadapter.
Le Service d’information et de communication de la police national (Sicop) a, lui, expliqué au Figaro que les photos prises par les deux médias locaux “ne correspondent pas à la réalité du dispositif”. “Le ‘tableau d’accueil-confidentialité’ est un système discret, qui permet aux victimes de violences sexuelles, conjugales et intrafamiliales de poser la main sur une feuille avec le bon code couleur, ce qui déclenche une prise en compte adaptée de leur interlocuteur de l’accueil”.
La République du centre a indiqué ce vendredi après-midi avoir changé la photo de son article, pourtant signée du nom d’un photographe. Le quotidien précise également avoir “modifié le début” de son papier. “Contrairement à ce qui nous avait été indiqué au préalable, il ne s’agit pas de files d’attente dans les commissariats mais d’une indication à donner oralement par les victimes, à l’accueil”, explique le journal. De quoi, peut-être, mettre fin aux inquiétudes et clore la polémique, d’autant que le président de l’association France Victimes de la Sarthe, Philippe Jamet, a assuré ce vendredi à Libérationque “les retours des victimes sont favorables” au Mans.
À voir également sur Le HuffPost: Le profil accablant de l’auteur du féminicide de Mérignac, 7 fois condamné