Virginie Efira et Tahar Rahim, l’entretien croisé

Leur date de naissance dans le cinéma français est identique : 2009. Mais les conditions de cette éclosion diffèrent. Virginie Efira advient au cinéma déjà armée (et un peu encombrée) de sa grande notoriété de présentatrice de la Nouvelle Star....

Virginie Efira et Tahar Rahim, l’entretien croisé

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Leur date de naissance dans le cinéma français est identique : 2009. Mais les conditions de cette éclosion diffèrent. Virginie Efira advient au cinéma déjà armée (et un peu encombrée) de sa grande notoriété de présentatrice de la Nouvelle Star. Tahar Rahim, en revanche, sort de nulle part lorsque, en un seul film, il se retrouve en pleine lumière. Pour Virginie, l’avancée est graduelle, de comédies de marché plus ou moins anodines à des rôles de plus en plus intenses dans de beaux films d’auteur.

Pour Tahar, en revanche, la reconnaissance est foudroyante (triomphe public et double César du meilleur acteur et meilleur espoir dès son 1er film, Un prophète de Jacques Audiard, en 2010). L’une trace aujourd’hui une ligne très cohérente, presque obstinée, qui relie les cinéastes les plus intéressant·es de France (Justine Triet hier, Rebecca Zlotowski, Serge Bozon et Alice Winocour aujourd’hui, Valérie Donzelli et Bruno Dumont demain). L’autre suit un chemin plus serpentin, fait d’échappées à l’étranger (il tourne le Napoléon de Ridley Scott), alternant films et séries (The Eddy, Le Serpent, et bientôt Extrapolations avec Meryl Streep).

Étrangement, ces deux lignes (l’une très droite, l’autre plus sinueuse) ne s’étaient encore jamais croisées. C’est chose faite dans Don Juan de Serge Bozon, où la paire interprète deux comédien·nes engagé·es dans une mise en scène de la pièce éponyme de Molière, dont les motifs se réverbèrent dans leur vie personnelle. Dans ce beau film sur le théâtre comme révélateur et sur l’amour comme labyrinthe de faux-semblants, pullulent les formules définissant l’art du jeu. Nous avons eu envie de les faire réagir à certaines d’entre elles, dans un échange joyeux où chacun·e essaie de réfléchir sur sa pratique.

“J’ai envie qu’on retrouve toujours un peu de moi, que l’ensemble des rôles construise quelque chose” Virginie Efira

Dans Don Juan, le personnage de Tahar dit à propos de celui de Virginie : “Elle peut tout jouer, alors que moi, je suis l’acteur d’un seul rôle.” Croyez-vous qu’un acteur ou une actrice puisse tout interpréter ? Ou que, malgré les différences apparentes, on n’incarne jamais qu’un seul rôle ?

Tahar Rahim — En découvrant un projet, il m’arrive de me dire : “Ça, je ne pourrai pas le jouer.” Et finalement, c’est pour cette raison que j’y vais ! [rires] Je pense ne pas avoir les capacités, donc il faut que je le fasse ! Don Juan par exemple, c’était un registre assez inhabituel pour moi, je n’étais pas certain d’y arriver. Le Serpent aussi, j’avais peur de me planter, de ne pas être crédible en serial killer. Mais je finis toujours par me dire : “Vas-y, fais-le !” Je ne pense pas pourtant qu’un acteur doive savoir tout jouer. Je n’aime pas le verbe “devoir” dans cette phrase. Ce n’est pas un critère de pouvoir tout faire. Mais j’aime bien tenter des choses dont je ne suis pas sûr d’être capable.

Virginie Efira — Je ne sais pas si, au fond, on ne joue jamais qu’un seul rôle, mais je pense malgré tout que se dessine quelque chose de commun à travers tous les personnages que l’on interprète. Quand je pense aux actrices que j’aime, comme Gena Rowlands, Natalie Wood, Jeanne Moreau, etc., je les reconnaîs un peu dans chacun de leurs films, et c’est ça qui me touche. C’est peut-être pour cette raison que j’ai du mal à beaucoup me transformer physiquement. Comme si j’avais envie qu’on retrouve toujours un peu de moi, que l’ensemble des rôles construise quelque chose.

Cela m’est arrivé néanmoins d’être allée vers des films qui, au départ, ne me semblaient pas tout à fait destinés. C’était le cas de Benedetta [Paul Verhoeven, 2021] par exemple. En lisant le projet, ça ne me paraissait pas limpide de pouvoir l’incarner. Mais dans tous les cas, j’ai l’impression que le personnage part de moi, qu’interpréter un rôle consiste à moduler différentes fréquences de soi. Et essayer de les accorder à la fréquence d’un film. Dans Don Juan par exemple, le registre n’est pas celui du naturalisme. Le travail tient à comprendre la voix, la vitesse des déplacements…, doivent aller pour rejoindre la note du film. C’est davantage sur ce genre de questions que je réfléchis plutôt que celles autour du personnage.

“Jouer me ramène à une certaine animalité” Tahar Rahim

Tahar, en revanche, tu as un vrai plaisir à te transformer, à construire des personnages ?

Tahar Rahim — Oui, ça me plaît beaucoup. Cela vient du fantasme d’acteur que j’ai forgé enfant et qui provient principalement du Nouvel Hollywood. J’ai été éduqué cinématographiquement par la composition. C’était pour moi le Graal du jeu. Ce n’est que plus tard que j’ai compris que c’était tout aussi difficile d’être simplement soi-même face à une caméra. Mais j’aime toujours changer mon apparence pour un rôle, ça me permet de croire à mon personnage. Plus on se transforme, plus on se libère. On accède à une fantaisie qu’on ne s’autoriserait pas si l’on était plus à nu. C’est très physique, très instinctif pour moi l’interprétation. On m’a déjà demandé si le jeu était plutôt du côté du masculin ou du féminin, mais selon moi c’est plutôt du côté de l’animal. Jouer me ramène à une certaine animalité.

Jusqu’à penser à un animal particulier pour chaque rôle ?

Tahar Rahim — Oui, bien sûr. Pour Le Serpent par exemple, j’avais en tête un cobra.

Virginie Efira — Pour Don Juan, c’était une girafe je crois… Et moi, un castor ! Non je plaisante… [rires]

Tahar Rahim — Pour un film récent, j’ai pensé à un coq. Je peux même regarder des vidéos d’animaux pour travailler mon rôle.

Virginie Efira — Sur Don Juan, j’avais un modèle rigolo qui n’est pas un animal. Serge Bozon m’a demandé de m’inspirer de Corynne Charby ! [rires] Pour ceux qui ne voient pas de qui il s’agit, c’est l’interprète des tubes Boule de flipper ou Pile ou Face [elle fredonne un bout des deux tubes]. Moi-même, quand je joue, je m’imagine pour modèles d’autres actrices. Comme, par exemple, Jane Birkin jeune… Et puis après je vois le film. Et je me dis : “Mais pas du tout ma pauvre fille ! Tellement pas ! T’as pas sa silhouette, t’as pas 25 ans…” [rires] Mais bon, ce n’est pas grave, ça donne une direction.

Est-ce que vous avez déjà eu l’impression que l’on vous proposait trop souvent un même type de rôle et avez-vous eu envie d’y résister ?

Virginie Efira — J’aime bien que tous les rôles que j’interprète puissent dialoguer ensemble. Donc ça ne me dérange pas qu’il y ait des passerelles entre les personnages. C’est vrai que ces derniers temps on m’offre souvent de jouer des femmes qui restent dignes dans la souffrance. Alors qu’à mes débuts, on me percevait plutôt comme une actrice de comédie. À l’époque, lorsqu’on me proposait uniquement des comédies romantiques, ça pouvait me lasser, mais je ne pouvais pas me permettre de dire : “Je dis non à tout jusqu’à ce que Desplechin m’appelle.”

Ma problématique était de trouver comment faire d’un emploi quelque chose d’un peu différent à chaque fois. De nouveau, je pensais à d’autres personnes, comme Drew Barrymore, que j’aime beaucoup dans des petits films vraiment très cool comme Le Come-Back ou Amour et Amnésie. Maintenant, c’est un autre type de propositions qui s’enchaîne. On me propose souvent de jouer la folie. L’asile psychiatrique revient dans beaucoup de films. Mais c’est intéressant de chercher un endroit un peu neuf à chaque fois.

Tahar Rahim — J’ai dû faire face à ça après Un prophète. J’ai du mal à m’amuser si l’on me propose toujours la même chose. J’ai été identifié à un genre, le film de gangster, le polar, qui n’est pas un genre où, en tout cas à l’époque, on excelle vraiment en France. Donc j’ai refusé un certain nombre de films pour éviter de faire la même chose en moins bien. Travailler assez vite avec des réalisateurs étrangers comme Lou Ye [Love and Bruises, 2011] ou Asghar Farhadi [Le Passé, 2013] m’a un peu libéré de cet emploi. Leur regard n’était pas déterminé par les mêmes choses.

“J’ai eu tellement peur de devenir égocentrique au sortir d’‘Un prophète’ que je me suis complètement refermé” Tahar Rahim

On a l’impression que le désir de Virginie pour un film se porte sur le regard du cinéaste et le tien, Tahar, en 1er lieu, sur le personnage…

Tahar Rahim — Ça se rejoint un peu quand même. Don Juan, j’ai eu envie de le faire en rencontrant Serge Bozon. Ce n’est pas le personnage qui m’attirait mais plutôt la personnalité et la sensibilité de Serge.

Il y a une phrase du personnage de Virginie dans Don Juan qui dit que les acteurs sont égocentriques et narcissiques. Qu’en pensez-vous ?

Virginie Efira — C’est un métier qui encourage un certain narcissisme. Le passage par le miroir, l’attention des autres qui se polarise sur vous… C’est vrai que si, lors de ma rencontre avec Tahar, je me dis “Tiens, il n’est pas comme ça”, c’est parce que d’autres le sont. Mais pas tous heureusement. En ce moment, je tourne avec Melvil Poupaud dans le film de Valérie Donzelli, et lui aussi est défait de tout narcissisme.

Tahar Rahim — J’ai eu tellement peur de devenir égocentrique au sortir d’Un prophète que je me suis complètement refermé. Mais au fond, je pense qu’un acteur sans ego, ça n’existe pas. Si t’as pas un ego un peu fort, tu ne deviens pas acteur. Après, il faut arriver à le maîtriser et bien s’en servir.

Virginie Efira — Je me souviens d’avoir été invitée dans une émission de radio en même temps qu’Omar Sy, que je n’avais encore jamais rencontré. On l’a interrogé sur le risque du narcissisme, et j’imaginais, sans le connaître, que sa réaction ressemblerait à : “Non, parce que j’ai ma famille et mes amis qui me protègent…” Et il a dit : “Vous savez, les gens qui sont comme ça ne le savent pas, donc peut-être que je le suis.” [rires] Cela m’a semblé la réponse parfaite !

“Au départ, je pensais être juste un instrument. Maintenant, j’ai de moins en moins envie qu’on me cause” Tahar Rahim

Comment construisez-vous un dialogue avec le ou la metteur·euse en scène ? Avez-vous besoin d’être dirigé·e ?

Virginie Efira — C’est quelque chose qui bouge beaucoup. J’ai remarqué que plus les réalisateurs sont expérimentés, moins ils causent aux acteurs. Comme si leur confiance en eux, et aussi envers les acteurs, avait grandi. À mes débuts, j’avais le sentiment que toute la substance devait venir du cinéaste. Maintenant, ça me va si l’on ne me cause pas trop. Surtout avant la prise. Ça me perturbe, et je préfère d’abord proposer quelque chose que l’on peut ensuite faire évoluer ensemble.

Tahar Rahim — J’entends vraiment ce que dit Virginie. Au départ, je pensais être juste un instrument. Maintenant, j’ai de moins en moins envie qu’on me cause. Je discute un peu avec le cinéaste en mangeant ou en buvant un verre et, ensuite, j’ai envie de tenter. Mais ça reste un travail à deux, une conversation.

Virginie Efira — Je me souviens d’une entrevue d’André Wilms pendant laquelle on l’interrogeait sur son travail avec Aki Kaurismäki qui le dirigeait en sifflant ! [rires] J’avais trouvé ça hyper-beau ! Plutôt que de dire des choses comme “Tahar, n’oublie pas que ton personnage, quand il était petit…”, juste siffloter de telle ou telle façon, c’est pas mal ! Mais comme disait Tahar, il faut toujours qu’il y ait une conversation, même en sifflant.

“Au début de ma carrière, j’avais le sentiment que l’on me demandait d’être plus docile parce que j’étais une femme” Virginie Efira

Est-ce que vous êtes tenté·es de prendre des traits du ou de la cinéaste avec qui vous tournez pour composer un personnage ?

Tahar Rahim — Parfois oui. Sur Don Juan, je l’ai fait au début, mais j’ai abandonné l’idée assez vite parce que ça me semblait une fausse piste, un truc trop repérable, mécanique.

Virginie Efira — Souvent on me demande si cela est différent d’être dirigée par un homme ou une femme, et je réponds que non. Sauf sur ce point. J’ai plus de mal à reprendre des traits d’un réalisateur. Avec Justine Triet, c’est évident. C’est surtout sur des vitesses de pensée, qui vont avec le corps, des façons de bouger. Sur le film de Rebecca [Zlotowski], on m’a dit : “Ah, tu causes comme elle !” Mais bizarrement, ce mimétisme ne s’est pas encore produit avec un cinéaste homme.

Pour rester sur cette question du genre, pensez-vous que votre métier vous ramène à des choses essentialisées de votre identité d’homme ou de femme, ou au contraire vous en libère ?

Virginie Efira — Je me souviens que lorsque j’ai rencontré Vincent Lacoste sur Victoria [Justine Triet, 2016], je me suis dit : “Il y a quand même dans cette génération quelque chose de très digéré dans la façon de composer avec du masculin ou du féminin.” Les caractéristiques du métier conventionnellement attachées au féminin – être désiré, être choisi – n’ont pas, pour cette génération, à être compensées par une virilité plus prononcée. Mais ça a un rapport avec notre société en mouvement, qui évolue vraiment sur ces questions-là. Au début de ma carrière, j’avais le sentiment que l’on me demandait d’être plus docile parce que j’étais une femme. En prenant de l’assurance, je me suis libérée de ça.

Beaucoup des films que tu as tournés causent de ça, de trajets de femmes qui se libèrent d’un carcan ?

Virginie Efira — Oui, ça dialogue sûrement avec un parcours personnel, qui s’est beaucoup joué sur le terrain du travail, de ma capacité à y affirmer la direction que je voulais prendre.

Et toi Tahar ?

Tahar Rahim — La question de la virilité a été centrale durant toute mon enfance. J’ai 40 ans. Donc quand j’étais enfant, être un homme, c’était autre chose. Je ressentais une demande extérieure à me conformer à certaines représentations de masculinité très affirmée. Mais en même temps, j’étais élevé parmi des femmes, ma mère, mes quatre sœurs. Il y a parfois eu des conflits dans ma tête. Je ne savais pas dans quelle direction aller. J’ai trouvé en grandissant un équilibre entre des modèles masculins et féminins, différentes nuances de sensibilité, et cette souplesse que j’ai envie de transmettre à mes enfants.

Tahar, dans Don Juan, ton personnage survit à sa propre mort, qui est une mort symbolique. L’un et l’autre vous n’avez pas souvent interprété le décès de vos personnages. Est-ce que jouer le passage de la vie à la mort est une expérience de jeu comme une autre ou fait-elle plus peur ?

Virginie Efira — Effectivement, on n’est pas beaucoup décédés au cinéma. Moi dans Benedetta, je frôle la mort, mais je m’en échappe. Ça a peut-être à voir avec notre regard. On ne trimballe pas un truc tragique. [rires]

Tahar Rahim — C’est vrai que je n’ai pas eu à jouer ça très fréquemment. Dans L’Aigle de la neuvième légion [Kevin Macdonald, 2011], je meurs noyé. Et la scène se déroulait dans une eau à six degrés, j’avais peur de crever pour de vrai ! Dans Joueurs [Marie Monge, 2018], j’étais filmé en gros plan et je devais rendre mon dernier souffle. Ça m’a beaucoup préoccupé ! Comment j’allais faire ? C’est facile de se laisser aller à un sentiment comme la colère ou le chagrin.

Mais s’abandonner au néant, ça me paraissait hyper-dur. J’ai assisté aux derniers instants de deux personnes proches. À chaque fois, j’ai observé trois derniers souffles, chacun plus faible que le précédent, et au troisième, ça s’en va. Comme si l’on partait en trois fois. C’est la seule chose sur laquelle j’ai pu me reposer. Et j’ai fait le choix de fermer les yeux car j’ai trop vu de morts avec les yeux ouverts au cinéma. Mais, finalement, la scène n’a pas été gardée. Peut-être que c’était joué comme les pieds, je ne sais pas. [rires]

“À mes débuts, même pour entrer en boîte, je galérais” Virginie Efira

Tahar, tu as beaucoup tourné à l’étranger. Virginie, assez peu. As-tu trouvé dans le cinéma français un espace dans lequel tu pouvais entièrement t’épanouir ?

Virginie Efira — Ce sont deux questions différentes. Depuis quelques années, le cinéma français m’apporte des choses qui me comblent pleinement. Mais ça ne m’empêche pas d’être un peu envieuse de Tahar ou de Léa [Seydoux], qui partent découvrir d’autres façons de travailler, et tournent avec de très grands cinéastes étrangers. Malheureusement, je n’ai pas confiance en ma capacité à jouer dans une autre langue. Ça me bloque un peu.

Tahar Rahim — Tu devrais arrêter d’y penser. Et puis bon, Paul Verhoeven est venu jusqu’à toi, donc ça va. [rires]

Dans les prochaines semaines se tiendra la 75e édition du Festival de Cannes. Virginie, tu en seras la maîtresse de cérémonie, présentant les soirées d’ouverture et de clôture. Et toi, Tahar, tu étais l’an dernier membre du jury présidé par Spike Lee. Pouvez-vous nous causer de ces deux exercices, différents du simple fait d’aller à Cannes pour accompagner un film ?

Virginie Efira — Par moments, je me dis : “Mais que va-t-elle faire dans cette galère ?” [rires] Mais bon, une cérémonie d’ouverture à Cannes, ce n’est pas comme le gros paquebot César où tu t’engages pour trois heures avec toutes les difficultés que l’on connaît. Peut-être qu’au fond de moi je ressens une petite revanche.

Je repense à mes débuts, lorsque j’étais une présentatrice de télévision qui devait commenter le tapis rouge. J’étais arrivée sur les marches avec mon micro, et personne n’en avait rien à foutre de moi et de mes questions. Même pour entrer en boîte, je galérais. J’avais un petit panneau où il y avait écrit que j’étais vaguement connue en Belgique, mais même ça, ça ne marchait pas. [rires] Peut-être que ça a joué. Par ailleurs, je sais que je ne suis ni Édouard Baer ni Valérie Lemercier, mais avec Thomas Bidegain, on y travaille, et ça va aller.

Tahar Rahim — Ben ouais, tu vas t’éclater. C’est hyper-classe, hyper-honorifique et, sérieusement, tu le mérites. De mon côté, j’ai connu une cérémonie de clôture un peu folle l’an dernier, où je devais tout traduire à Spike Lee parce que son oreillette était cassée. La Palme d’or avait été annoncée trop tôt. C’était un peu la panique mais on a ri. Par rapport à l’expérience en tant que jury, il y a beaucoup de choses que je ne peux pas révéler. Mais je peux vous dire qu’il y a plusieurs films que j’ai énormément aimés : Un héros, Drive My Car, Compartiment n°6… Ce qui n’empêche que j’étais vraiment très content que la Palme d’or soit décernée à Titane. C’est un beau film et un type de cinéma très nouveau qu’on avait envie de distinguer.

Don Juan de Serge Bozon, avec Tahar Rahim, Virginie Efira, Alain Chamfort, Damien Chapelle, Jehnny Beth (Fr., Bel., 2022, 1 h 50). En salle le 18 mai.