Vous allez aimer le “Cœur” de Clara Luciani

Rarement le titre d’un 1er album aura aussi bien résumé la carrière ascensionnelle de son autrice. Avec Sainte-Victoire (2018), Clara Luciani a remporté deux Victoires de la musique, passant du statut de révélation (scène) en 2019 à celui d’artiste...

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Rarement le titre d’un 1er album aura aussi bien résumé la carrière ascensionnelle de son autrice. Avec Sainte-Victoire (2018), Clara Luciani a remporté deux Victoires de la musique, passant du statut de révélation (scène) en 2019 à celui d’artiste féminine de l’année en 2020. Une trajectoire explosive pour la chanteuse de La Grenade, qui fit l’unanimité critique et publique – plus de 200 000 albums écoulés, double disque de platine, deux rééditions, rien que ça.

Un triomphe populaire qui en dit long sur la pression artistique qui pèse sur Clara Luciani et sur les enjeux commerciaux de Cœur, un successeur à paraître dans une fin de printemps déconfinée et qui la voit griller la politesse à Juliette Armanet, sa nouvelle collègue de label partageant la même appétence pour la “variété chic”, dans l’exercice toujours périlleux du second album.

Le disque ensoleillé d’une femme amoureuse

Si le single avant-coureur Le Reste demeure en tête depuis sa sortie en avril, il esquissait déjà une inclination discoïde que l’association de Clara Luciani avec les producteurs Breakbot, Pierrick Devin (Phoenix, Lomepal, Benjamin Biolay) et avec Sage à la coréalisation, sans oublier Yuksek au mixage partagé avec Devin, augurait.

Disque ensoleillé d’une femme amoureuse, dont elle s’amuse dans les paroles du Chanteur (“On n’épouse pas les chanteurs/C’est vouloir enfermer le vent”) en référence à sa romance avec Alex Kapranos, voix de Franz Ferdinand – avec qui elle duettisait sur Summer Wine l’été dernier –, Cœur est ramassé en onze titres ultra-pop. Et joue autant l’atout Michel Berger dans Cœur ou Tout le monde (sauf toi) que la carte Metronomy, avec Amour toujours et La Place, dont elle avait adapté The Bay dans sa langue maternelle avec l’écho radiophonique que l’on sait..

Et si d’aucuns ont déjà pointé un virage soi-disant mainstream à l’aune du hit imparable Le Reste – illustré par un clip tourné sous le beau ciel de la French Riviera et inspiré par Les Demoiselles de Rochefort de Jacques Demy (des chorégraphies au “grain de beauté”, citation du texte de La Chanson des jumelles) –, la typographie seventies de la pochette bleutée de l’album annonce la couleur disco, une passion largement revendiquée depuis son single Nue.

Derrière son sourire éclatant, la jeune femme conjugue le sentiment amoureux à tous les temps (passé, présent, futur), sans oublier d’espérer la vie d’avant dans le monde d’après-confinement : “Dans le bordel des bars le soir/Débraillés dans le noir/Il faudra réapprendre à boire” (Respire encore). Dans la seconde partie du disque moins disco que rétro, elle revient à quelques ballades autobiographiques (J’sais pas plaire, La Place) qui ont aussi fait sa notoriété.

Avant de dire littéralement Au revoir à l’auditoire dans une chanson-miroir : “Au revoir, je referai l’Olympia, au zénith les yeux fermés.” A cette cadence-là, Clara Luciani pourrait rapidement se trouver à l’étroit dans les salles de concert de l’Hexagone tellement le succès lui tend (encore) les bras. La victoire en chantant.

Cœur Romance Musique/Universal