Weezer inventent le “Heavy-Meta” sur leur dernier album
Quand ce Van Weezer a été annoncé en 2019, dans le monde d’avant (celui où on pouvait envisager de composer un album pour les stades), l’excitation était restée confinée au périmètre des fans hardcore. Fans dont les espoirs n’avaient pas encore...
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Quand ce Van Weezer a été annoncé en 2019, dans le monde d’avant (celui où on pouvait envisager de composer un album pour les stades), l’excitation était restée confinée au périmètre des fans hardcore. Fans dont les espoirs n’avaient pas encore été rincés par des années de disques indignes du talent de Rivers Cuomo, voire indignes tout court. Pourtant, par la grâce d’un report qui a permis à Weezer de sortir entre-temps son OK Human post-pandémique, les attentes ont pu être revues à la hausse.
Petit miracle, l’album venait nous rappeler quel magistral trousseur de mélodies Cuomo pouvait être, et montrait qu’il savait – quand il le voulait – habiller ses chansons.
Les codes du hard-rock
D’une toute autre facture, l’ouvertement “gros rock à guitares grasses” Van Weezer se révèle à la fois très meta (cette façon de dire dans le texte “je sais que tu vas mettre cette chanson à fond et faire de l’air guitar sous ton casque”) et très direct. Plus référentiel que jamais, le groupe cite en vrac Van Halen of course mais aussi Europe, The Knack, Huey Lewis, Ozzy Osbourne (sur Blue Dream) ou les Runaways (ce vrombissement soutenu par les handclaps au début de All The Good Ones), alors même que le régalant I Need Some of That ou le fantastique Beginning of the End affichent une inspiration mélodique de la même eau que OK Human, mais avec des arrangements qui s’éloignent nettement de sa pop à cordes.
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Ici, il s’agit de jouer avec les codes hard et de les tartiner sur une solide power pop typiquement weezerienne pour dire, toujours, des peines de cœur de 2nde B. Cuomo reste l’éternel chantre de l’insatisfaction adolescente : c’en était devenu gênant avec le temps, mais à cinquante ans passés le geste redevient bouleversant. C’est l’adolescence non plus comme âge de la vie, mais comme façon de refuser le monde. Et l’esthétique criarde choisie par ce nouvel album s’avère souvent pertinente pour expliquer ces frustrations autant que ces poussées de sève. On se dit que Weezer a bien fait d’en repousser la sortie jusqu’au retour des beaux jours : Van Weezer est un album d’été, cette saison qui chez nous se conjugue au passé, par essence éphémère et propice aux montées hormonales.
FM comme Faux Monnayeur
Volontairement anachroniques, les arrangements ne sont pas seulement malins et catchy : ils sont avant tout émouvants. Ses arpèges hauts perchés, ceux-là même dont Daft Punk usait pour les détourner sur Discovery (2001) y sont joués à la fois en pince-sans-rire et au 1er degré absolu, avec une sincérité désarmante. Alors pour des expérimentations plus radicales, savantes et revêches avec le bruit rock, on se tournera plutôt vers The Armed et leur récent Ultrapop mais on se réjouira de trouver ici –The End of the Game, par exemple- l’euphorisante légèreté d’un Fountains Of Wayne, et l’efficacité redoutable d’un rouleau compresseur (comme 1 more hit) au son compressé. On a certes fait le deuil du Weezer âpre et essentiel de Pinkerton (1996), mais comme sur ce joyau renié, Rivers refait le coup du titre final dont l’acousticité et le naturel font rupture avec toute l’esthétique qui précède.
Le touchant Precious Metal Girl contraste ainsi avec les neuf autres titres, qui évoquent une junk food régressive servie par un chef étoilé, cachant ses nuances sous des effets hard FM. FM comme Faux Monnayeur, mais Van Weezer dépasse sans peine son statut de pastiche car Rivers Cuomo fait du hard-rock comme Tarantino fait du cinéma de genre : avec une connaissance savante des formes, mais en fan avant tout. Et s’il y a une ironie certaine à voir tant de ferveur accoucher d’un objet in fine assez inconséquent (spoiler : on n’y trouvera probablement pas le sens de sa vie), l’album est bel et bien le gros plaisir coupable qu’on n’osait plus vraiment espérer. Et confirme un vrai retour d’inspiration chez Weezer : très bonne raison de latter les murs et de se péter la nuque.
Van Weezer (Atlantic/Warner)