“Wendy”, la relecture de “Peter Pan” qui trouble le Pays imaginaire

Il aura fallu 8 années à Benh Zeitlin, réalisateur révélé en 2012 par Les Bêtes du Sud sauvage, pour repasser derrière la caméra. Dans son 1er film, le jeune cinéaste (30 ans à l’époque) imaginait l’exode fantasmagorique d’une jeune fille prisonnière...

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Il aura fallu 8 années à Benh Zeitlin, réalisateur révélé en 2012 par Les Bêtes du Sud sauvage, pour repasser derrière la caméra. Dans son 1er film, le jeune cinéaste (30 ans à l’époque) imaginait l’exode fantasmagorique d’une jeune fille prisonnière d’un bayou de Louisiane mythologique – menacé par un déluge soudain– duquel émergeaient des aurochs, inquiétantes et mystérieuses créatures antédiluviennes.

Une relecture totale

On retrouve dans son nouveau long (présenté à Sundance en janvier 2020) l’allant formel et les obsessions thématiques de ce coup d’essai. Relecture totale du mythe de Peter Pan, Wendy se focalise sur la jeune héroïne, non plus l’aînée d’une famille aisée du Londres cossu du début du 20e siècle, mais petite dernière d’une fratrie heureuse et désargentée, vivant dans le sud déshérité des États-Unis.

Sorte de contrepoint à son 1er film, qui injectait du merveilleux dans un univers naturaliste, Wendy transforme le Pays imaginaire en un lieu trouble à la périphérie du fantastique et d’un réalisme charbonneux, et s’amuse à déconstruire le mythe tout en tentant d’en saisir le substrat.

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Si l’on s’émeut de la pureté de son intention et de la cohérence d’un projet au long cours, le film s’égare, hélas, dans un discours ronflant sur l’enfance et la perte d’innocence, et une mise en scène pompière (malgré quelques éclats visuels) assortie d’une musique épique assourdissante.

Benh Zeitlin ne parvient pas à reproduire le prodige des Bêtes du Sud sauvage, dont l’ombre imposante (on ne compte plus les prix raflés par le film), comme celle volatile de Peter Pan, semble lui jouer des tours.

Wendy de Benh Zeitlin. Avec Devin France, Yashua Mack (É-U., 2020, 1 h 51). En salle le 23 juin.