“X” de Ti West, une pépite d’horreur saveur country
Jeune espoir du cinéma horrifique circa 2010 (The House of the Devil), sévèrement mouché dans la décennie suivante aussi bien par le bulldozer Blumhouse (qui produira néanmoins son western, In a Valley of Violence) que par Ari Aster et les...
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Jeune espoir du cinéma horrifique circa 2010 (The House of the Devil), sévèrement mouché dans la décennie suivante aussi bien par le bulldozer Blumhouse (qui produira néanmoins son western, In a Valley of Violence) que par Ari Aster et les poulains de l’elevated horror, Ti West, 42 ans, s’est lancé depuis un an dans une trilogie interprétée par (et coécrite avec) la très chic Mia Goth (Nymphomaniac, High Life…) qui lui vaut une reconnaissance tardive et a pour lui des airs de revanche sur le destin.
Le second titre de cette trilogie, qui est une préquelle racontant la jeunesse de la tueuse du 1er volet, lui vaut actuellement un concert de louanges dans la société la plus respectable (sélection à la Mostra, dithyrambe de Scorsese…). Étonnant (mais d’une certaine manière prévisible) tant ce Pearl, qui n’a pas encore de sortie prévue en France, agace par son stylisme kitsch et ses clins d’œil grossièrement appuyés, et mérite bien moins de compliments que son prédécesseur, l’excellent X, sorti cette semaine chez nous.
Un discours universel
X s’applique à hacher menu une équipe de tournage X en 1979 dans une grange de l’arrière-pays texan, à la façon d’un Massacre à la tronçonneuse porno. Nulle volonté ici de jouer la nostalgie et de se complaire dans une carte postale vintage : le film ne s’encombre d’aucun marqueur d’époque prononcé, sinon un pur contexte historique utile à son récit (les 1ers balbutiements du porno et sa promesse de révolution émancipatrice).
Il se joue beaucoup de choses dans ce huis clos country. Évidemment, l’affrontement de deux générations totalement aliénées l’une à l’autre et qui ne traînent pas pour se le faire savoir : vieux laissés-pour-compte de la Grande Dépression contre jeunes décadents de la libération sexuelle. Mais des continuités, des embryons de compréhension mutuelle se font aussi jour : femmes jetées en pâture au patriarcat de leurs époques respectives, vétérans des tranchées de la Somme et du bourbier vietnamien. Quand le massacre démarre, tout le monde a déjà reconnu en son adversaire un autre soi.
Le film installe un plateau de jeu à la fois très riche et parfaitement limpide, où le programme grossièrement racoleur promis par le pitch (du sang, du cul) laisse place à un entêtant jeu de massacre réflexif. Sa sortie tardive crée par hasard une belle superposition avec Barbare, dont il partage au fond le même sous-texte : rien ne fait actuellement plus peur que ce dont est capable une marge miséreuse que l’on a laissée croupir jusqu’à la plus sinistre monstruosité.
X de Ti West, avec Jenna Ortega, Brittany Snow, Kid Cudi... En salle le 2 novembre.