Yves Duteil : "J'ai consacré à ma femme une quarantaine de chansons !"
Bientôt cinquante ans de chansons, c'était le bon timing pour un retour en arrière ?Yves Duteil : En fait, je ne pensais pas à cet anniversaire ! C'était avant tout un désir d'écrire et l'envie de causer de Noëlle, mon épouse à laquelle j'ai...
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Bientôt cinquante ans de chansons, c'était le bon timing pour un retour en arrière ?
Yves Duteil : En fait, je ne pensais pas à cet anniversaire ! C'était avant tout un désir d'écrire et l'envie de causer de Noëlle, mon épouse à laquelle j'ai dû consacrer une quarantaine de chansons ! Notre histoire est indissociable de ma vie d'artiste parce qu'elle a démarré au même moment.
Vous révèlez des moments très intimes comme votre opération à cœur ouvert ou le cancer de Noëlle. Pourquoi ce choix ?
L'idée est avant tout de partager nos expériences avec des gens qui peuvent un jour y être confrontés. Que nous est-il resté de ces épreuves ? Le meilleur, c'est-à-dire qu'on s'en est sortis, que cela nous a soudés davantage, Noëlle et moi. Et que ça nous a fait grandir.
Prendre un enfant avait été sacrée "Chanson du siècle" en 1988. Que vous inspire-t-elle aujourd'hui ?
Que les chansons les plus connues de mon répertoire sont celles qui n'avaient aucune chance d'accrocher ! Prendre un enfant ne s'est fait connaître que par l'obstination de Monique Le Marcis, la programmatrice musicale de RTL.
Vous avez connu le succès, les récompenses, un mandat de maire durant vingt-cinq ans, des engagements humanitaires... De quoi êtes-vous le plus fier ?
Ma plus grande fierté, c'est d'être encore là. Brassens disait : "Il est plus difficile d'entrer dans le cœur de gens que dans les hit-parades."
Votre côté ménestrel des campagnes vous aura aussi valu des critiques vachardes...
En regardant en profondeur, on voit vite que ça ne tient pas la route. Dans mon répertoire, certes il y a Tarentelle et Le Petit Pont de bois, mais il y a aussi Dreyfus (Yves Duteil est le petit-neveu du capitaine réhabilité, ndlr), La Tibétaine, Pour que tu ne meures pas, L'autre côté, sur le mur de Berlin, Pour les enfants du monde entier... Mais on reste estampillé par ses plus grands succès.
Vous qui avez fait Le Petit Conservatoire de la chanson de Mireille, quelle est votre opinion sur le télécrochet d'aujourd'hui, The Voice ?
Je ne dénigre pas parce qu'il y a beaucoup de talent côté candidats et de sincérité chez les coachs. Mais il y a deux choses avec lesquelles j'ai du mal : d'abord, j'aimerais qu'il y ait des auteurs-compositeurs plutôt que de simples interprètes. Ensuite, le côté éliminatoire me gêne beaucoup. Moi, si j'étais coach - dans une autre époque, admettons - et que j'avais à choisir entre deux candidats nommés Brassens et Brel, ça me ferait mal d'avoir à en "éliminer" un !
Vous qui dites "tout ce que j'ai écrit dans mes chansons est appuyé sur du réel", pourriez-vous en composer une aujourd'hui sur un professeur ou une gendarme qu'on assassine ?
Je le ferais si j'en avais l'envie et l'inspiration. Mais je pense qu'il est préférable de ne pas écrire sous le coup de l'émotion. J'ai attendu pour écrire les textes sur les attentats de 2015. Même si Tenir la main, la chanson que Louis Chedid a écrite sur les morts de la Covid, au plus fort de la crise, est extraordinaire.
*Chemins de liberté, livre déjà disponible aux éditions de L'Archipel et coffret 4 CD le 19 mai (Bayard Musique)
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